On n'efface pas trente ans d'amitié même par un départ brutal et injuste. Ni le plaisir de se retrouver, une fois par semaine, sur un terrain de volley. Pour le meilleur, et quelquefois pour le moins bon. Thierry comme tout être humain, avait ses qualités et ses défauts, comme de tout vouloir maîtriser, de tout faire à la perfection. Mais cela, au pire m'amusait, au mieux m'attendrissait. Ainsi je ne m'étais pas rendu compte que je le martyrisais lors de nos duos improbables clavier/chant, pour un anniversaire mémorable ou pour un mariage impérissable. Il voulait que l'on répète, afin de tout caler au quart de ton, quand je lui répondais improvisation. Et toujours nous trouvions un compromis, qui débouchait sur de vrais moments de complicité, de bonheur partagé. J'ai connu mon heure de gloire lors d'un lâcher prise un soir d'immuable semaine de D'Jazz : nous nous sommes tous deux endormis au balcon du théâtre, devant une pianiste qui "semblait réparer son moteur de piano, capot levé." Mais ce que je garderai le plus, ce sont ces moments d'échange, de partage, de convivialité, d'amitié autour d'un plat, d'une bière ou d'un vin : poulsard accompagné de l'histoire d'un grand-père marchand de vin dans le Jura, contre un aligoté vieilles vignes...et pourquoi cuvée Antonin ? Pour tous ces moments, je suis heureux et fier d'avoir rencontré Thierry il y a si longtemps et c'était hier, et de garder un tout petit bout de lui, et le meilleur, en moi. Pour cela, merci. JProuge.